Béatrice MOLLE-HARAN
Edito

Moderne ? Vous avez dit moderne ?

L’austérité tant prônée par les dirigeants politiques, pour justifier des fermetures de crèches ou des suppressions d’emplois dans le secteur public n’est pas à l’ordre du jour concernant la construction de la LGV (Ligne à grande vitesse) en Aquitaine et du Y basque (Ligne à grande vitesse reliant les quatre capitales du Pays Basque Sud).

Et malgré l’avis défavorable de l’enquête publique rendu en 2015 quant au caractère d’utilité publique des lignes LGV Toulouse-Bordeaux et Dax-Bordeaux, le ministre des Transports, Alain Vidalies, a signé en juin la déclaration d’utilité publique pour ces lignes à grande vitesse.

D’aucuns estimeront que les lignes à grande vitesse permettent un désenclavement important et sont source de modernité. Le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, en fait partie. Qualifié souvent de “développeur” par ses pairs, il est un fervent défenseur de la LGV. Cet argument de modernité mis en avant n’est que le cache-misère d’une époque aujourd’hui révolue. Le bouleversement climatique, entre autres, impose un changement radical par rapport à l’environnement et une remise en question de l’aménagement du territoire. Mais rien n’y fait. Pourtant, en plus des collectifs tels que le CADE au Pays Basque ainsi que d’autres organisations similaires, de nombreux universitaires et spécialistes de la question (voir dossier) se sont sérieusement penchés sur la question et leurs conclusions sont plus qu’alarmantes. Au-delà du bien fondé ou non de la notion du toujours plus vite, la question du financement tant au Pays Basque Sud qu’au Pays Basque Nord se pose, engendrant dans certains tronçons l’arrêt des travaux. Au milieu de ce qui se profile comme un immense gâchis, le citoyen lamda assiste impuissant à l’énoncé des décisions des uns et des autres, sans prise réelle sur les événements.

C’est contre ce sentiment d’impuissance que les associations telles que le CADE ou autres entendent lutter en présentant inlassablement des recours ou en appelant à la vigilance. Car le sentiment d’impuissance peut amener à l’indifférence et au dégoût, la pire des choses en démocratie entraînant notamment des taux de participation aux élections de plus en plus bas et paradoxalement une prolifération de candidatures aux élections présidentielles.

Peu d’entre elles iront jusqu’au bout, mais cette prolifération est symptomatique d’un sentiment d’abandon et de manque de confiance en la classe politique actuelle enferrée dans de vieux schémas et ayant une vision de la modernité complètement dépassée. Comme le témoigne la triste saga de la LGV, où dès le début des travaux aucune date n’était et n’est prévue concernant la connexion entre le réseau basque Y et les réseaux LGV des Etats espagnol et français ! Face à une telle situation, les anti-européens de tous poils ont de beaux jours devant eux !

Nous ne terminerons pas sans évoquer une nouvelle qui est tombée lors de notre bouclage : la junta électorale du Gipuzkoa a entériné la décision de l’Audience nationale espagnole rendant inéligible Arnaldo Otegi aux prochaines élections autonomiques du 25 septembre au Pays Basque Sud. Un recours peut être déposé contre cette décision. Nous y reviendrons dans nos colonnes.

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