Béatrice MOLLE-HARAN

Un processus de paix irréversible

“Ici comme ailleurs, la recherche de consensus exclut tout conformisme et doit faire la part belle à la flexibilité et à l’empathie”

Hier, mercredi, le Conseil de Paris a émis à l’unanimité un soutien au processus de paix au Pays Basque sur proposition de Nicolas Bonnet-Oulaldj, Raphaëlle Primet, élus du groupe communiste-Front de gauche, et Jérôme Gleizes (Europe écologie - Les Verts).

Ce dernier était déjà partie prenante de la première Conférence de la paix organisée à Paris le 11 juin 2015 par Bake Bidea, la Ligue des droits de l’Homme et plusieurs organisations luttant pour la paix. Une initiative qui avait porté au cœur de l’Etat français une volonté sans faille de tourner une page de l’histoire du Pays Basque.

Une initiative qui a fait l’unanimité au Conseil de Paris, entre majorité et opposition. Et qui n’a pas dû être facile à réaliser. Et l’on ne peut que saluer les femmes et les hommes de bonne volonté qui l’ont rendue possible. Selon Jérôme Gleizes, le large consensus obtenu autour de la question en Pays Basque, ainsi que le désarmement d’ETA ont pesé dans cette obtention de l’unanimité.

Un élu de droite et d’opposition du Conseil de Paris aurait déclaré ne pas être d’accord à 100 % avec le texte; estimant cependant nécessaire d’apporter sa contribution au processus de paix. Certes, les esprits chagrins penseront qu’il ne s’agit que d’un vœu qui peut rester pieux. Mais à quelques jours du rassemblement de Paris, le 9 décembre, pour les droits des prisonniers organisé par Bake Bidea et les dénommés Artisans de la paix, la symbolique est forte. Et au-delà, la lecture politique permet d’espérer une évolution favorable de la résolution du conflit.

Les élus parisiens soulignent que la totalité des acteurs sociaux et politiques engagés dans la résolution du conflit au Pays Basque ont affirmé leur volonté de poursuivre leur action et, considérant les nombreuses victimes, les familles et les proches endeuillés par ce conflit, ils apportent leur soutien au processus de paix au Pays Basque.

Au-delà de l’efficacité à long terme de cette initiative, elle met en lumière une méthodologie démocratique qui peut se propager dans d’autres villes. Paris meurtri dans sa chair par les attentats connaît le prix de la paix. Et le soutien de ses représentants élus est une bouffée d’espérance.

En parlant de méthodologie, la question du conflit et sa résolution étant posées, des processus existent tels, entre autres, la justice transitionnelle contenant le droit à la vérité, à la justice à la réparation de toutes les victimes et à la garantie de non répétition.

Ces principes ont été établis par le juriste Louis Joinet, grand ami du Pays Basque, en 1997 et peuvent être déclinés selon les situations propres à chaque pays et à chaque conflit.

Ici comme ailleurs, la recherche de consensus exclut tout conformisme et doit faire la part belle à la flexibilité et à l’empathie. Savoir aller au-delà de ses limites, car la paix est un droit qui s’acquiert et se travaille. Un droit et un devoir à transmettre.