Béatrice MOLLE HARAN

Un observatoire économique pour tout le Pays Basque

Le taux de chômage selon cette enquête est de 8,7 % au Pays Basque Nord. 46 % des recrutements seraient saisonniers

C’est donc une première. Le Pays Basque Nord possède un observatoire économique visant l‘ensemble de son territoire et non plus l’ancienne Acba. Cette nouvelle enquête (voir p. 7) réalisée en lien avec la CCI de Bayonne Pays Basque et l’Audap (Agence d’urbanisme) permet de dresser un portrait de ce territoire avec des chiffres clés.

Le taux de chômage selon cette enquête est de 8,7 % au Pays Basque Nord. Inférieur à la moyenne nationale française avec une donnée inquiétante : 46 % des recrutements seraient saisonniers. Nul besoin d’être grand clerc pour y voir un grand facteur de précarité notamment chez les plus jeunes. Pointant aussi un veritable phénomène de société qu’engendre une touristification galopante voulue par certains, décriée par d’autres. Comment trouver un juste milieu sans tomber dans la folklorisation à outrance de ce territoire et le rendre paradoxalemnt plus attractif à long terme ?

Autre problème préoccupant, la disparité grandissante entre la côte et l’intérieur malgré une croissance affichée dans cette zone. Avec un pôle intermédiaire, “l’entre-côte” (Nive-Adour, Errobi et Hasparren) dont la vitalité et la progression en termes d’emplois sont soulignés.

Il n’empêche que la vitalité d’un territoire ne se résume pas qu’aux chiffres bruts et froids aussi nécessaires, soient-ils, mais également en ressenti de qualité de vie, économique certes, mais aussi sociale. Ici comme ailleurs, les associations caritatives et les travailleurs sociaux font part d’un basculement inquiétant de certaines populations. Basculement dû à la précarité et à la pauvreté galopante. En bref, les laissés pour compte de la “bonne santé économique” vantée par les créateurs d’entreprise et du libéralisme croissant écrasant les plus démunis.

Reste aussi à analyser et à se servir de ces données en termes d’aménagement du territoire et de mobilité notamment. Dans son article “Les observatoires économiques et sociaux en question” dans la Revue économique française l’universitaire Robert Boure aborde cette question fondamentale quant aux conséquences et l’utilisation ou non de ces enquêtes à long terme.

En lien avec cette activité économique, le salon Lurrama ouvre ses portes ce week-end à Biarritz. Un exemple de prise en main de son territoire par une partie de la société civile qui contre vents et marées a créé Euskal Herriko Laborantza Ganbara. Avec pour corollaire la défense d’une agriculture paysanne et le respect de l’environnement. Une application désormais concrète ici de concepts rélèvant encore de l’utopie dans certains territoires.

Lurrama c’est aussi la belle histoire, celle d’un pari réussi. Au-delà des chiffres et des prévisions, une réalité qui s’est construite pas à pas, redonnant au métier de paysan sa dignité.

Ah ! Les sourires des enfants dans les travées de Lurrama...