Béatrice MOLLE-HARAN

Lueur d'espoir suite aux premiers rapprochements des prisonniers

Pour l’heure, l’annonce de ces deux rapprochements de prisonniers basques met du baume au cœur de ceux et celles qui se battent pour cette revendication légitime depuis de nombreuses années en Pays Basque

Zigor Garro et Julen Mendizabal, prisonniers basques ont été transférés de prisons situées au nord de l’Etat français où ils purgeaient leurs peines, vers le centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan. Deux prisonniers corses ont été également conduits à la prison de Borgo. Des rapprochements vitaux en premier lieu pour les familles, le énième accident du week-end dernier de proches de prisonniers en est l’illustration criante. Et l’on pense au soulagement de ces deux familles qui au lieu de faire plus de 600 et 900 kilomètres pour aller rendre visite aux détenus, auront à en parcourir 140. D’autres rapprochements suivront selon certaines sources, information non confirmée pour le moment.

Le même jour où cette nouvelle est tombée, le sénateur Max Brisson (LR) et le député Vincent Bru (Modem-Majorité présidentielle) s’entretenaient à leur demande à Donostia avec deux responsables de Covite, association de victimes du terrorisme, Consuelo Ordoñez et Ruben Mugica, respectivement sœur et fils de victimes mortelles d’attentats revendiqués par ETA. Un entretien jugé courtois et constructif par les deux politiques du Pays Basque Nord ressentant un besoin d’équilibre selon leurs dires. La présidente de Covite Consuelo Ordoñez a déclaré en substance être d’accord avec des rapprochements se réalisant dans le cadre de l’Etat de droit, et ne franchissant pas les lignes rouges définies que sont, selon elle, les dossiers de prisonniers accusés de crimes de sang ou ayant des instructions en cours dans l’Etat espagnol.

Au delà des interprétations des uns et des autres quant à la parole officielle recueillie lors de divers entretiens avec le pouvoir français, cette rencontre à une portée symbolique forte car elle permet à tous les protagonistes de connaître leurs points de vues et d’échanger leur réalité de vie. Et surtout la stratégie envisagée dans l’avenir pour la résolution du conflit et la récupération du vivre ensemble. Les uns et les autres ont souligné que la réconciliation n’était pas pour demain. C’est un premier constat certes, mais surtout le début d’une relation, d’une prise en compte de l’autre. C’est donc une période charnière qui s’annonce avec la confrontation de différentes souffrances et les inévitables tentatives d’instrumentalisation et de manipulation politique allant avec, lorsque ce type de conflit s’arrête. Un moyen simple de les éviter dans cette bataille du récit s’annonçant rude, est de rester campé sur ses positions, tout en étant ouvert à la discussion et à l’analyse. Un subtil mélange d’équilibre, d’intelligence et d’empathie que la délégation du Pays Basque Nord reçue par le ministère de la Justice aura l’on suppose, à cœur de défendre. Pour l’heure, l’annonce de ces deux rapprochements de prisonniers basques met du baume au cœur de ceux et celles qui se battent pour cette revendication légitime depuis de nombreuses années en Pays Basque. Une revendication éclatante lors de la dernière manifestation du 9 décembre à Paris. Et dont l’écho a traversé les ors de la République. Un timide rayon de soleil dans l’univers cruel de la dispersion. En espérant les autres au plus vite.