Béatrice MOLLE-HARAN

Une mobilisation pour nos aînés qui nous concerne tous et toutes

Selon les services comptables de la Sécurité sociale les dépenses de l’Etat auraient dû augmenter de 4,5 %, elles ne le seront que de 2,6 %

Béatrice MOLLE-HARAN. © DR
Béatrice MOLLE-HARAN. © DR

C‘est une première. Une mobilisation peu ordinaire a eu lieu mardi dernier avant la négociation concernant le contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens pour le financement des maisons de retraites publiques, appelées aujourd’hui Ehpad.

Curieusement, ce sujet n’a jamais fait l’objet d’un débat public alors qu’il touche non seulement les personnes concernées directement, mais toute la société dans son ensemble, et pose la question de la place des vieux en son sein.

Avec l’allongement de la vie dans des conditions dégradées, les dépenses de l’Etat, selon les services comptables de la Sécurité sociale, auraient dû augmenter de 4,5 %, elle ne le seront que de 2,6 %. Ce mouvement dénonce les conditions de travail des salariés de ces établissements avec comme corollaire une maltraitance inacceptable envers nos aînés. Et une inégalité flagrante entre les diverses classes sociales.

D’aucuns augurent que le secteur privé risque de profiter de cette austérité, mais ce dernier est soumis à une impitoyable rentabilité, et de fait, plusieurs enquêtes réalisées dans certains de ces établissements pointent aussi du doigt des conditions dégradées coûtant fort cher aux familles. C’est d’ailleurs à celles-ci qu’il sera demandé de faire un effort pour pallier aux manques de l’Etat. Des carences liées à une politique de profit débouchant sur des mesures d’austérité qui n’ont pas prouvé leur efficacité mais qui sont indignes d’un état de droit. Cette mobilisation est exemplaire, car elle s’érige en protection d’une couche de la population sans défense, qui de fait, n’est plus entendue.

Ce sont donc les soignants et leurs familles qui ont pris le relais de cette détresse. On mesure le degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses aînés, et ceux et celles qui ont la charge de les accompagner. Pourtant des solutions humaines existent, encore faut-il prendre conscience d’un véritable phénomène et d’un changement de société avec l’allongement de la vie.

A quelques encablures de notre territoire, en Navarre et dans la Communauté autonome d’Euskadi, une véritable réflexion est réalisée dénommée “Stratégie basque pour un vieillissement actif. 2015-2020”. Un plan en vigueur qui privilégie au-delà de toutes considérations la dignité de la personne et des mesures afin de conserver son autonomie le plus longtemps possible. Avec des mesures concrètes concernant l’accompagnement, le logement et le développement des relations intergénérationnelles, entre autres. Un plan adoubé par toutes les forces politiques tant il repose sur le bon sens et sur la nécessaire solidarité.

De fait, beaucoup de travailleurs sociaux de ce côté de la frontière sensibilisés à ce problème soulignent admiratifs, les effets de ces politiques publiques. Des expériences qui suscitent aussi l’intérêt des services sociaux des pays nordiques, précurseurs en la matière, qui ont de nombreux échanges avec le Pays Basque Sud. Certes tout est loin d’être idyllique, mais une vraie réflexion est menée suivie de politiques concrètes. A contrario, la réponse de l’Etat français face à ces justes revendications ne semblent pas à la hauteur d’une situation explosive et injuste.