Thomas GIACOMINI
Agent circulation Garazi / Bayonne - Adhérent LAB
TRIBUNE LIBRE

Cher Monsieur Bergé

Il est devenu rare que des trains circulent sur la ligne Garazi-Bayonne. © wikipedia
Il est devenu rare que des trains circulent sur la ligne Garazi-Bayonne. © wikipedia

Vos déclarations sur le projet de la ligne St-Jean-Pied-de-Port / Bayonne sont des contre-vérités.

Vous affirmez : “on multiplie par deux le tronçon Cambo-Bayonne…, domicile / travail de manière efficace avec un cadencement important… axe structurant pour la mobilité”. Or, trois nouveaux horaires sur quatre entre ces deux villes ont lieu entre 10 heures et 15h30, donc hors période de pointe d’embauches. On ne structure pas une partie de la ligne en concentrant ces nouveaux trains à des horaires que vous vendez comme ceux du domicile / travail. Argument absurde pour un plan de transport (PLT) incohérent. Par contre, entre 9 heures et 16 heures, il serait plus judicieux de maintenir les horaires actuels entre St-Jean-Pied-de-Port et Bayonne, qui existent depuis plus de dix ans ; soit deux TGV en correspondance dans les deux sens (au total quatre), toujours avec deux trains sur trois entre Cambo et Bayonne. Votre choix entraîne un désert ferroviaire vers St-Jean-Pied-de-Port, auquel vous ne répondez pas dans votre intervention.

De plus, des “contraintes techniques, qui font que l’offre est comme celle-là” pour reprendre vos mots, est un mensonge. A partir du moment où le PLT respecte les règles de SNCF Réseau (ici 16 trains par jour), tous les scénarios sont possibles. Le projet des cheminots le respecte à la lettre. Encore faudrait-il vouloir s’y intéresser ? Il couvre toute la ligne et tous les types de voyageurs. Vous précisez que le PLT “peut-être modifié chaque année”. Or, lors du comité de ligne de juin 2017 que vous présidiez pour la Région, je vous ai interpellé sur la dégradation de la correspondance entre le premier train du matin avec le TGV, passant de 7’ à 52’ avec l’arrivée de la LGV. Actuellement, elle est de 1h01. En effet, on peut “changer chaque année”, mais en pire ! Les cheminots ne savent que trop bien que pour changer des horaires incohérents aux services des usagers, c’est la “guerre”. Encore une contre-vérité !

Pour vous, il n’y a pas eu de consultation avec les usagers car il y a “une volonté politique d’aller vite sur ce dossier”. Alors, pourquoi ai-je rencontré M. Etchegaray, futur président de l’agglo en 2016, et M. Duhamel en 2017, directeur technique du Syndicat des mobilités, si ce n’est pour mettre les usagers au cœur du dossier et les convaincre “de monter dans le train” ? De deux à trois ans pour faire une enquête à quatre questions (lieu de départ, lieu et heure d’embauche, heure modulable), c’est en effet trop court politiquement. On se passe ainsi d’une photographie précise et ciblée des besoins des usagers pour avoir un PLT pertinent et structuré. Pour vous, une consultation des seuls maires des gares de la ligne équivaut à une consultation citoyenne. Citons entre autres les maires de Bidarray et d’Ustaritz respectivement “pro bus” et “pro rocade”, à l’heure de l’écologie. Par conséquent, nous “validons” le PLT soir, avec un bémol pour le matin (absence d’étude).

Dans un autre élan destructeur, un élu de la Région est venu, fin janvier, annoncer au maire de St-Jean-Pied-de-Port la réduction drastique des horaires d’ouverture du guichet, de 72 heures à 36 heures / semaine alors que 13 millions de citoyens sont éloignés du net (CREDOC). C’est donc ça un “positionnement politique fort” de la Région, Monsieur ?

En tant que cheminot, je connais le schéma “opaque” des choix Région / SNCF, et donc que l’Agglo n’est pas totalement décisionnaire, mais selon vous, le Syndicat des mobilités a un “positionnement politique fort”. Donc il est bien porteur de ce projet, qui n’a pas fini de nous surprendre. Ce choix, c’est l’application du rapport Spinetta (réforme 2018) qui préconise : “le domaine de pertinence du transport ferroviaire se limite désormais aux transports du quotidien en zone urbaine et péri-urbaine (Bayonne / Cambo) et aux dessertes à grandes vitesses entre métropoles (Paris / BAB sans lien avec la ligne)”.

Un dossier a été remis à M. Olive et Mme Lasserre-David. Silence radio du premier et une convocation de la seconde à une réunion sur la mobilité en vélo. J’ai donc écrit une tribune “La porte est fermée”, et le Syndicat des mobilités et l’Agglo se disent “ouverts au dialogue”. Les mots ont un sens. Une belle triplette M. Bergé, puisque vous n’avez jamais répondu à mes deux appels avant le comité de ligne.

M. Etchegaray, pour soutenir Laborantza Ganbara, vous avez dit : “nous n’allons pas nous laisser chasser de nos terres”. Pourtant, si vous validez ce projet, vous chasserez le train public de ce territoire rural. Mettons-nous autour d’une table.

Le service public est le premier lien avec le citoyen.