Camille Laforet (Vigneux de Bretagne)
Membre de l’Ambazada
TRIBUNE LIBRE

G7 : pour la convergence des luttes et des alternatives

La construction d'Ambazada avait commencé en 2017. ©Ambazada
La construction d'Ambazada avait commencé en 2017. ©Ambazada

Le 17 janvier 2018, le gouvernement français annonçait l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce fut une victoire populaire obtenue après plusieurs décennies de résistance.

Lors de centaines d’assemblées et rendez-vous qui se sont déroulés pour obtenir cet abandon, nous avons tous appris beaucoup. La multitude de stratégies avancées, d’idéologies étalées, de divergences apparues ont rendu l’affaire complexe et riche. Cette victoire, aucune composante ayant pris part à la bataille ne peut s’en targuer, car collective. Paysans historiques, naturalistes, zadistes, militants du coin et venus de loin, syndicalistes, juristes… C’est ensemble que nous avons stoppé ce projet capitaliste et climaticide. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que c’est l’addition des forces et cette diversité des tactiques qui a fait reculer les décideurs.

Le 17 novembre de cette même année, un appel lancé sur des réseaux sociaux pour protester contre la hausse des taxes du carburant a mis le feu aux poudres. Le mouvement des gilets jaunes, inédit et en roue libre, malmène le pouvoir politique et cherche à s’organiser à plus long terme. La convergence des luttes et des alternatives, mots d’ordres avancés par nombre de collectifs et d’organisations ces dernières années devient, dans nombre de lieux, une nécessité évidente et ce vers quoi la base tend.

Cette année, du 24 au 26 août, Biarritz deviendra le théâtre d’un spectacle des plus sinistres. Alors que sa gouvernance économique pro-libérale et autoritaire est de moins en moins acceptée, Macron invite dans ses quartiers de vacances six autres chefs d’Etat autour du leader américain Trump, pour un sommet mondial du libéralisme économique, choix politique dont chacun peut constater les effets croissants destructeurs néfastes pour les 99 % des populations et pour l’ensemble de la planète. Macron veut, avec ses complices, porter un nouveau coup au climat, aux droits des gens et des peuples, aux alternatives au capitalisme, à la lutte indépendantiste du Pays Basque. Par leur présence et le déploiement de 15 000 policiers, ils veulent nous cracher au visage une fois encore, barricadés derrière des forces brutales de répression, nous faisant croire qu’ils agissent pour le bien commun.

Depuis deux ans, des liens entre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et des collectifs du Pays Basque se sont renforcés. Deux années de chantiers, de rencontres et de fêtes autour du projet de l’Ambazada, cabane intergalactique pour relier les luttes et les peuples du monde, ont permis la mise en place d’une connaissance mutuelle, d’une entraide. Un nouveau chantier de travaux aura lieu du 15 au 20 avril prochain, pour poser le plancher chauffant et ses tomettes de terre cuite.

Cet été et pour sa troisième édition, la semaine intergalactique s’exportera au Pays Basque. Lors des deux premières éditions organisées à la ZAD, ce sont des centaines de personnes, issues de territoires éloignés, qui ont échangé sur leurs dynamiques, leurs projets. D’autres conjonctions ont vu le jour et pour l’avenir, l’Ambazada sera un outil à la disposition de tout collectif militant et culturel partageant des buts communs, sur cette ZAD où malgré l’opération d’expulsion d’avril 2018 et les péripéties administratives pour garder l’usage des terres, l’envie de vivre collectivement et d’être un carrefour des luttes sont toujours bien présents.

Le bocage est toujours là et nous ne l’abandonnerons pas, comme nous n’abandonnerons pas nos amitiés. Une nouvelle charpente en bois débitée sur la ZAD rejoindra le Pays Basque cet été et nous prendrons part, comme tant d’autres, aux différentes mobilisations que les collectifs du Pays Basque sont en train de préparer. Un pays où, après le désarmement définitif de l’ETA, la répression n’a pas perdu en intensité, mais gagne en absurdité. Des condamnations délirantes tombent encore (pour des bagarres de comptoirs). Des centaines de prisonniers politiques, dispersés loin de leurs proches, purgent de longues peines.

Alors, pour cette année, le sable des rivages basques. Nous retrouverons la boue du bocage breton l’année prochaine. Contre le sommet du G7, pour la convergence des luttes et pour la semaine intergalactique, venez soutenir les forces vives du Pays Basque, du 19 au 26 août prochain.