Sophie BUSSIERE
Secrétaire EELV Pays Basque
PAROLE AU POLITIQUE

Notre-Dame-des-Landes, ou les champs des possibles

Sophie Bussière. © DR
Sophie Bussière. © DR

Le récent rapport de l'ONG Oxfam sur les inégalités de richesse précise qu'en 2017 “82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux 1 % les plus riches”.

Pour justifier l'accaparement et la destruction de la nature et des communs par une poignée de puissants et dans leur intérêt exclusif, les néolibéraux nous assènent depuis un moment qu' “il n'y a pas d'alternative” : par exemple, les cures d'austérité imposées à la classe moyenne et aux plus démunis, alors que ne cessent les cadeaux fiscaux aux plus riches (le ruissellement !) ou la prétendue necessité de recours à l'agro-industrie pour nourrir le monde. A partir de quand peut-on évoquer un mensonge d'Etat lorsque les dirigeants successifs se complaisent à perpétuer ces contrevérités ?

La récente victoire à Notre-Dame-des-Landes a démontré qu'un combat légitime pouvait aboutir grâce à la tenacité des opposant.e.s et à la convergence des luttes.

La construction de ce nouvel aéroport aurait causé la destruction de près de 1 000 hectares de zones humides, dont l'importance doit être sans cesse rappelée : elles contribuent à dépolluer les eaux, limitent les inondations et les sécheresses, stockent du carbone et constituent des réservoirs de biodiversité.

La consultation qui avait été organisée était biaisée, avec un périmètre restreint, et une question volontairement floue.

La lutte depuis près de 50 ans a consisté pour les opposant.e.s à ce projet notamment à déconstruire les mensonges : saturation de l'aéroport existant ; possibilité de compensation écologique ; création 'emplois ; aspect démocratique de la consultation...

A présent, concernant le retour à l'Etat de droit, d'autres solutions que la violence étatique sont possibles : une gestion collective des terres peut être mise en œuvre, dans un cadre légal, comme le propose José Bové, député européen EELV, s'appuyant sur l'expérience du Larzac.

Sachons tirer enseignements de l'abandon de ce projet, et mettons fin sans plus tarder aux projets inutiles et imposés, tel que la LGV ici ou la Lyon-Turin, le Center Parcs de Roybon en Isère, EuropaCity en Val d'Oise, ou encore le projet de mines d'or en Pays Basque.

Ils sont l'expression de l'ancien monde, celui d'un accaparement sans limite des terres pour une société où seuls la compétition, les gains financiers et de temps priment, au détriment du vivant.

Il nous appartient de dire qu'en tous points les alternatives à cette société consumériste et mortifère existent. Nous devons également expliquer qu'elles ne sont pas synonymes de privation, de frustration, mais amènent à un mode de vie plus joyeux et qui fait sens. Nous devons nous y investir, les fédérer, et bien sûr les porter sur un plan politique.

C'est là tout l'objet de la réinvention de l'écologie politique, son dessein, mais aussi la responsabilité de ce mouvement : déconstruire les mythes qui nous entourent, faire sauter les verrous idéologiques, et, nourri par un nouvel imaginaire, accompagner le foisonnement des alternatives citoyennes...