Michel GARICOIX
Journaliste
PAROLE AU JOURNALISTE

L’Europe si proche, ici aussi

Mixel Garicoix. © DR
Mixel Garicoix. © DR

C’était le bon temps : le périple débutait par un passage chez le banquier pour acheter des pesetas, et l’on pouvait passer la muga sous le regard soupçonneux des guardia civils (parfois la mitraillette au poing) et mieux valait ne pas avoir oublié sa carte d’identité. Autant de précautions avant d’aller à Donostia, ou simplement s’acheter quelques bouteilles avec le frisson de se faire arrêter au retour par les douaniers (quand ils n’interceptaient pas les Landais et les Bordelais du côté de Saint-Geours-de-Maremne). Certaines fois, le passage par le topo à “Puente internacional” signifiait la fouille complète de votre sac. Tout ce cérémonial a pris quasi fin le 1er janvier 1993 avec la libre circulation des biens en Europe, et des personnes quelques mois plus tard. Sans oublier la monnaie unique, début 2002, tout de même plus pratique.

Ce 16 mai 2019, Competitiv’eko clôt à Biarritz son travail amorcé en juin 2016. Quel rapport ? Cette initiative transfrontalière a réuni 82 entreprises et centres technologiques et de formation de part et d’autre des Pyrénées. Résultat, 20 axes d’innovation sont mis en route autour du Big data, de la fabrication additive et des dispositifs médicaux sur mesure. Ces entreprises et leurs salariés vont donc œuvrer ensemble dans les années qui viennent grâce à “InterregPoctefa”, c’est à dire un programme européen finançant depuis Bruxelles le travail de terrain. Grâce aussi, il faut le dire, à l’opiniâtreté d’Olga Irastorza et de Beñat Jauregui et de leurs homologues du sud (Navarre comprise), s’appuyant notamment sur la chambre de commerce transfrontalière “Bihartean”.

Ce mois de mai également, nombre de jeunes ne sont plus ici parce qu’avec les universités d’Edimbourg, Dublin, Granada ou de León voire Munich, ils font connaissance avec d’autres cultures, modes de vie et langues grâce au programme européen Erasmus. Mais sans aller si loin, les nouveaux billets Chronoplus et cartes (passés les queues et bugs initiaux) vont non seulement faciliter nos déplacements, mais aussi devenir compatibles avec Mugi, la carte similaire en Gipuzkoa. Cela avec le soutien du projet européen Poctefa E-Mobask.

Et l’on pourrait citer les subsides européens investis ici dans le campus de la Nive (via le Fond européen de développement régional-Feder), ou pour la sauvegarde d’un littoral basque rongé (initiative Marea) ou le renfort encore du Feder pour le développement de la technopole Izarbel où prospèrent les selles Voltaire ou la start-up Sophia Genetics de Jurgi Camblong.

Alors certes, l’Europe actuelle ce n’est pas encore le Pérou, avec son fonctionnement trop éloigné des citoyens. Surtout qu’elle ne sait pas “se vendre”, sachant mal montrer en quoi elle change nos vies quotidiennes. Alors la période actuelle est plutôt vouée à savoir quelle liste arrivera en tête au milieu des petites phrases, et si peu aux questions de fond sur l’avenir qui se prépare. Raison de plus pour ne pas laisser à d’autres le soin de décider à notre place.