Pilu en Europe - 3
TRIBUNE LIBRE

“Travailleuses, travailleurs…” frontaliers !

© Pilu
© Pilu

Tout d’abord une claque ! En discutant avec Jose, celui-ci lui raconte : “je travaille souvent du côté de chez toi ; enfin… j’ai travaillé souvent. Putain ! On a fait de ces baraques, à un, deux et même trois millions d’euros. Y’a un putain de fric chez vous, non ? Anglet, Biarritz… Mais bon, depuis, on travaille de moins en moins là-bas, car il y a de moins en moins de chantiers ; alors on va plus vers Pau, des fois vers Bordeaux…”. Pilu s’intéressait à l’Europe et il découvre qu’il existe des baraques à trois millions d’euros, à côté de chez lui…

Mais revenons à l’Europe. Avec Jose, Pilu a cru à l’ouverture des frontières, Schengen en Pays Basque, tous ces camions qui passent, plein de travailleurs… Mais son ami Iker, universitaire, l’a invité à lire l’étude menée par “L’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine / Euskadi / Navarre” sur l’emploi transfrontalier (dite “Empleo”). Passons sur la découverte de cette “euro-région”… Que dit donc cette étude ?

Il n’y aurait dans notre région frontalière que quelques centaines, et sans doute moins encore, de vrais (réguliers) travailleurs frontaliers ! Le bassin transfrontalier serait l’un des moins développé en France, comparé aux flux très importants, bien-entendu du côté de Lille et Strasbourg, mais aussi en Champagne-Ardennes et Lorraine, dans les Alpes, etc. Alors même qu’il se dit que le Pays Basque est le passage frontalier le plus important en France en termes de flux de marchandises...

Des milliers de camions qui passent ? Peu de salariés qui vivent d’un côté de la Bidassoa et travaillent de l’autre côté de celle-ci ? Des travailleurs à la journée pour construire nos baraques ?

Il serait sans doute intéressant de connaître la situation réelle de ces “travailleuses et travailleurs” de l’ombre, qui ne tombent pas dans les statistiques d’Empleo… La frontière ne servirait-elle pas à du dumping social alimenté par les appels d’offres ?

Bien entendu, ce constat est un peu caricatural, mais il dit simplement qu’il n’y a toujours pas de vrai “bassin économique et d’emploi transfrontalier”. Trente-trois ans après l’entrée de l’Espagne dans l’Union Européenne, nous en sommes-là !

Certes les experts évoquent l’asymétrie des modèles économiques entre Nord et Sud de la Bidassoa. Un Nord surtout résidentiel, touristique, agricole, avec des marchés très régionaux… Un Sud industriel, avec des marchés internationaux.

Une autre approche serait de considérer ces deux économies comme complémentaires !

Car en creusant un peu le sujet, on découvre que le Nord (le Pays Basque d’ici !) aspire à garder et développer son économie productive (discours de l’Agglomération lu dans la presse) et avoir un “plan climat” ambitieux (lu aussi dans la presse !). Quant à lui, le Sud (Pais Vasco et Navarra, comme ils disent de “l’autre côté”) cherche son créneau touristique, mise sur une agriculture et un secteur agroalimentaire de meilleure qualité, une autonomie énergétique (regardez la Navarre !)…

Pourquoi arrive-t-on à un tel bilan au bout de 33 ans ? Que font-ils ensemble ces Basques du nord et du sud ? Ou plutôt, pourquoi ont-ils fait (ou pu faire) si peu… ?

La prochaine tribune de Pilu essayera d’élucider un peu la question, histoire de donner du sens et de l’espoir d’ici le 26 mai…