Biharko Lurraren Elkartea (BLE)
Laura Daniel, maraîchère bio installée à Urt, Francis Larrea, maraîcher bio à Mendionde, Thomas Erguy, coordinateur de BLE
COMMUNIQUÉ

Très grosses inquiétudes concernant l’apprentissage en maraichage bio en 2020

La réforme de l’apprentissage du marâichage bio pourrait avoir des effets indésirables. ©Isabelle Miquelestorena
La réforme de l’apprentissage du marâichage bio pourrait avoir des effets indésirables. ©Isabelle Miquelestorena

Ce communiqué est un appel urgent à toutes les parties prenantes à revoir dès à présent la copie de la réforme de l’apprentissage en intégrant les spécificités du secteur agricole maraicher : il en est encore temps, et la survie même du BPREA (brevet professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) option maraichage bio, si précieux pour le territoire, est en jeu !

Pourquoi cette inquiétude ? Une explication détaillée s’impose. Le contexte au Pays Basque Nord est fortement déficitaire en fruits et légumes bios. L’enjeu de l’installation en maraîchage bio est majeur. Pour s’installer et pouvoir vivre dignement de son métier maraîcher, la formation et l’acquisition de compétences techniques et de gestion est vitale. Depuis dix ans, BLE est en convention de partenariat avec le CDFAA64 (Centre de Formation Apprentis Agricoles), basé à Hasparren, afin de mener annuellement entre 15 et 25 porteurs de projets vers l’obtention d’un BPREA option maraîchage bio, travaillé dans le cadre de l’apprentissage. L’apprentissage sur les fermes est depuis le départ salué comme la meilleure manière de se former, en situation réelle : la complexité des fermes maraîchères diversifiée peut ainsi être bien appréhendée par le futur·paysan.

L’apprentissage, tous secteurs confondus, est en cours de réforme, et cette réforme modifie très significativement les conditions d’accès à l’apprentissage et d’embauche d’un apprenti chez les maraîchers. Parée de belles intentions, favorable pour certaines catégories, elle suscite pourtant de très grosses inquiétudes au CIVAM BLE auquel adhère la grande majorité des maraîchers du Pays Basque Nord. En effet, un apprenti de plus de 25 ans devra être rémunéré à temps plein et les aides perçues couvrent tout juste les semaines de formation en CFA : pour les fermes maraîchères, l’embauche d’un apprenti serait plus coûteuse que celle d’un salarié formé !

Lorsque l’on connaît les difficultés économiques du secteur après plusieurs années climatiques compliquées (2018 ayant fini de laisser les finances des fermes exsangues), et sachant que le public des plus de 26 ans représente 85 % des participants au BPREA (en agriculture, l’obtention d’une aide à l’’installation DJA est possible jusqu’à 40 ans), le recrutement de fermes pouvant accueillir un apprenti sera très difficile, voire impossible. Et c’est le BPREA lui-même qui se retrouve menacé, faute d’entreprises susceptibles d’accueillir un apprenti !