Aitor SERVIER
Membre d’Aitzina
TRIBUNE LIBRE

Pour vivre, travailler et étudier, notre choix : Euskal Herria

Action d'Aitzina contre les résidences secondaires, à Anglet, en décembre 2017. © Bob EDME
Action d'Aitzina contre les résidences secondaires, à Anglet, en décembre 2017. © Bob EDME

Notre aspiration est simple : vivre, étudier et travailler au Pays Basque. “Rien de plus normal !”, nous dit-on. Et pourtant, à l’heure actuelle, nous rencontrons beaucoup de difficultés lorsqu’il s’agit de construire un projet de vie ici. Tout au long de l’année, nous tentons de porter ces revendications en tant qu’abertzale de gauche et il apparaît que le 14 juillet soit pour nous une journée qui nous permet de cristalliser toutes les facettes de notre lutte. Ce jour de fête nationale étant synonyme de négation de notre peuple, nous souhaitons le détourner afin d’exposer le projet politique d’Aitzina, de revendiquer notre identité basée avant tout sur l’euskara et notre culture et de dénoncer le système de domination de l’état français.

Nous pensons que les problématiques liées à la jeunesse ont leur place dans le débat politique.

En cette période touristique de masse, nous sommes directement confrontés à des conditions de travail plus précaires que jamais, la spéculation immobilière nous impacte directement en nous empêchant de nous loger dans nos villes et villages et nous sommes contraints de quitter le Pays Basque pour aller étudier ou travailler à Pau et à Bordeaux.

Nous sommes aussi la jeunesse qui se bat pour passer le bac en basque, celle qui fait vivre la culture dans les “gaztetxe”, celle qui s’organise pour répondre aux violences sexistes, celle qui lutte pour l’accès au logement et qui se porte solidaire envers les réfugiés pour ne citer que quelques exemples de luttes qui nous rendent moteur du processus de libération de notre pays.

Nous tenons aussi à exprimer le faire vouloir décider ici de notre avenir : concernant les copies du brevet rédigées en euskara, le nombre de postes à accorder à Seaska, l’aménagement du territoire, les conditions de travail et les liens que nous entretenons avec le Pays Basque Sud. Nous pensons qu’il est temps de prendre en main notre avenir d’ici-même, au-delà des décisions prises à Pau, Bordeaux ou Paris. Certes, la Communauté d’agglomération Pays Basque sonne comme une reconnaissance du Pays Basque Nord, cependant cette institution pourvue de compétences limitées est la seule reconnaissance que souhaite nous accorder l’état français. Afin d’éviter l’assimilation et la normalisation, le mouvement populaire doit être force de propositions, il doit alimenter la contestation et tenter d’instaurer un contre-pouvoir.

Aujourd’hui, il nous semble que l’état français nous mène droit vers la régression sociale et plus que jamais, nous croyons en la convergence des luttes. L’assaut nationaliste du gouvernement (retour du service national pour citer un exemple) doit être combattu par des projets d’émancipation dans le cadre du Pays Basque.

Pour nous, est basque toute personne vivant, étudiant, travaillant ou souhaitant construire son projet de vie ici. Nous rejetons le Pays Basque des spéculateurs, des exploitants, le Pays Basque qui accueille à bras ouverts le G7.

Nous voulons construire le Pays Basque des alternatives culturelles, politiques et sociales.