Béatrice MOLLE-HARAN

La belle histoire et la mission de Seaska

Avec 4 000 élèves, écoles, collèges, lycée, Seaska est la force de frappe et l’aiguillon de l’enseignement immersif de la langue basque

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Il fallut une belle dose de courage et un sacré culot à Claire Noblia pour avoir, il y a 50 ans, créé la première ikastola et l’association Seaska. En adéquation cependant avec le climat ambiant des années 70, générant inquiétude quant à la perte de la pratique de l’euskara, propice au renouveau de la culture basque, à la prise de conscience politique, avec la nécessaire confiance qui entoure ce genre de décision à contre-courant, définissant les avants-gardes toujours porteuses d’avenir.

Fidèle à son rôle d’avant-garde, Seaska se devait d’innover, cela fait partie de sa belle histoire et de son ADN. Dans notre entretien Claire Noblia le souligne, “notre approche était centrée sur l’enfant”, et de citer les pédagogies parallèles type Montessori, toujours en cours dans certaines ikastola de Seaska.

Cinquante années après, le bilan est inéquivoque. Avec 4 000 élèves, écoles, collèges, lycée, Seaska est la force de frappe et l’aiguillon de l’enseignement immersif de la langue basque. Son efficacité pédagogique est reconnue, plusieurs parcours de générations d’élèves témoignent du sérieux de la démarche. Au-delà de cette réussite interne, il faut aussi remarquer que Seaska de part sa présence et son existence a façonné une certaine perception culturelle du Pays Basque. Et plus précisément du Pays Basque Nord. Culturellement parlant, dans un Pays Basque débasquisé, Seaska fut l’étincelle du renouveau, et surtout la fierté des habitants d’un territoire retrouvant leur langue niée, et à qui l’on inculqua durant des décennies la honte de la parler.

Cette étape est dépassée, en témoigne le succès grandissant, certes de Seaska, mais aussi de l’enseignement bilingue dans les écoles publiques et privées.

Restent aujourd’hui les défis à relever pour Seaska dans les années à venir. Le président de la fédération Paxkal Indo lance le débat : “pourquoi ne pas se projeter tous ensemble sur l’immersion à grande échelle ?” (voir dossier p. 12). Pour le président, si les écoles privées et publiques franchissaient ce pas, la langue basque pourrait être sauvée. Certes les mentalités ne sont peut-être pas tout à fait prêtes à ce genre de démarche, mais l’exemple et le succès de Seaska devraient faire dans les années à venir, des émules.

Une volonté devant être soutenue par nos élus et par les différents pouvoirs centraux en place, toujours frileux en matière de moyens mis à disposition, telles les attributions de postes nécessaires au développement de l’enseignement immersif. Il n’empêche, les positions de la part des élus locaux ont bigrement changé en 50 ans. Seaska malgré ses difficultés, sa nécessaire évolution, un accueil de parents nouveaux a su garder sa pugnacité, en allant vers le chemin de la normalisation.

Et comment ne pas terminer avec l’anniversaire d’Integrazio Batzordea fêtant ses 20 années, dont la mission est d’impulser la scolarisation d’enfants en situation de handicap dans les ikastola. Une démarche dont nous nous devons d’être tous solidaires. Et qui en dit long sur les missions que se sont données les ikastola de Seaska.