Nicolas Sarkozy s’imagine en Donald Trump à la française
L’élection surprise de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a été vivement commenté par la classe politique française, à six mois du scrutin présidentiel. Tandis que le Front national revendique le rôle de sauveur de la «France des oubliés», l’ancien président Nicolas Sarkozy calque sa stratégie jusqu’à la caricature sur celle du candidat républicain

Incarner le combat du peuple contre les élites, en étant soi-même à la croisée des réseaux politico-finanicers. Voilà le coup de force réussi par le candidat réactionnaire Donald Trump aux Etats-Unis mardi pour voler la victoire promise par beaucoup à la candidate démocrate Hilary Clinton. Le détail des résultats – à partir de la sociologie des électeurs, notamment– montre qu’il est faux d’affirmer, comme ont tenté de le faire plusieurs partis populistes à travers le monde, que le millardaire Donald Trump a attiré vers lui les classes populaires tandis que les élites se sont tournées vers le camp démocrate.
Mais, peu importe : la campagne du candidat républicain, visant à exarcéber les frustrations de la classe moyenne blanche américaine, a donné beaucoup d’espoir, outre-Atlantique, à ceux qui rêvent eux aussi de représenter la «France des oubliés» à la prochaine élection présidentielle.
Le Front national s’est drapé de ce costume de sauveur d’un pays à la déroute à coups de «c’était mieux avant» depuis des années. Le tout en niant évidemment le fait que la famille Le Pen qui dirige le parti d’une main de fer est riche comme Crésus et accusée de frauder le fisc et, surtout, que les solutions que le FN préconise vont à l’inverse des intérêts de la classe qu’il prétend représenter.
Plus reversant encore est le revirement de Nicolas Sarkozy. Candidat à la primaire de la droite et du centre, l’ancien président de la République a calqué jusqu’à la caricature sa stratégie sur celle de Donald Trump.
Celui que les français ont balayé par les urnes en 2012 serait soudainement devenu le représentant de cette France qui souffre et qui craint le déclassement contre le «système» que Sarkozy dénonce désormais et prétend combattre toujours avec plus de virulence. «Regardez ce que donnent aux Etats-Unis les candidats soutenus par l’establishment et les médias, ils sont balayés par les candidats du peuple», avait ainsi résumé en mars l’ancien président.
Nicolas Sarkozy s’est alors «trumpisé» à outrance. Sur la forme, d’abord, le candidat de droite a adopté une attitude clivante, en multipliant les provocations jusqu’à noyer son auditoire et les médias sous le flot d’injonctions primaires que personne n’est capable de restituer à peine trois jours plus tard.
Comme l’a fait le désormais nouveau président des Etats-Unis, l’idée est ici d’alimenter un bruit permanent flattant les plus bas instincts des électeurs en élaborant une rhétorique inversement proportionnel à la richesse du vocabulaire et la finesse de l’argumentation.
Quelques exemples de ces saillies outrancières lancées en pleine campagne : «On vit comme un Français et nos ancêtres sont les Gaulois»; «Il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat» ou «Les femmes ont toujours été libres en France». Nicolas Sarkozy a proposé que les enfants musulmans ne consommant pas de porc dans les cantines scolaires prennent simplement une «double ration de frites».
Toutes ces prises de position tapageuses visent à ostraciser une partie de la population : les musulmans. Comme Donald Tump, le discours de Nicolas Sarkozy analyse les problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels du pays sous le seul prisme identitaire.
Le modèle républicain français –si glorieux dans son passé, à en croire le candidat de la droite...– serait aujourd’hui menacé par une horde de musulmans/immigrés, la confusion étant savamment entretenue. Loin d’être une victime des politiques libérales menées depuis 40 ans sur le Vieux Continent, le «déclassé»–membre de la classe moyenne craignant de vivre le déclin – se transforme donc, d’après le logiciel Sarkozyste, en martyr d’une vieille France appelé à résister à la libre circulation des personnes. Passées à la moulinette populiste, toutes les difficultés centrales du pays trouvent ainsi leur origine dans le «communautarisme musulman” : le chômage, la sécurité, le logement, les retraites, la croissance...
Une manière simple de détourner le fond des problèmes sur un prétendu terrain identitaire. Mais, Nicolas Sarkozy, dont plus d’une trentaine de ses proches sont aujourd’hui mis en cause dans des affaires politico-financières (un record!), cherche surtout à faire oublier que s’il y a un président qui a incarné l’oligarchie politico-financière, c’est bien lui.

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