Antton Rouget
Journaliste
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE 2017

La gauche radicale à la recherche d’une stratégie pour 2017

Le parti socialiste a entraîné dans sa chute la gauche radicale. Et à quelques mois de l’élection présidentielle, les choses ne vont pas en s’arrangeant. Sans candidat crédible, programme actualisé aux enjeux contemporains et discours clair, une partie de la gauche de la gauche s’apprête même à soutenir l’ancien sénateur PS Jean-Luc Mélenchon

Les malheurs du parti socialiste n’ont pas fait le bonheur de la gauche radicale française. Bien au contraire. Déjà asséchée depuis de longues années, la gauche de la gauche n’a pas su profiter du désastreux quinquennat de François Hollande pour rafraîchir ses fondations idéologiques, se chercher de nouvelles têtes et renouveler son discours.

Conséquence directe : alors qu’un boulevard se présente depuis que les sympathisants de gauche ont massivement contesté les choix politiques de François Hollande, aucune alternative n’a pu émerger de ces protestations pour remettre en ordre de marche un camp dans le brouillard à quelques mois de la présidentielle.

Le contraste avec les autres forces est aujourd’hui saisissant. La droite a désigné son chef de file, l’ancien Premier ministre François Fillon, au terme d’un scrutin ayant vu la participation de près de quatre millions d’électeurs, l’extrême-droite à une candidate toute trouvée en la personne de Marine Le Pen et le parti socialiste et ses quelques mouvements sattellites organisent leur primaire fin janvier. A l’extrême-gauche, faute de mieux, beaucoup son prêt à se ranger derrière l’ancien sénateur et ministre Mélenchon, transfuge du PS et dont les positions autoritaires, jacobines ou les soutiens diplomatiques sont pourtants menaçants.

S’il fallait résumer en un symbole l’absence d’alernative sérieuse au PS, il suffirait de prendre la trajectoire du parti communiste français. Bien installé dans la vie politique hexagonale, ce parti centenaire, qui ne présentera pas de candidat en 2017, est tout simplement au bord de l’implosion après avoir perdu des centaines de milliers de militants.

En 2012, tandis que le PCF avait choisi de se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon, le score honorable de ce dernier (11%) avait entretenu l’illusion d’un retour en force des communistes aux côtés du PS. Il n’en est rien : 5 ans après l’élection de François Hollande, le PCF et ses quelques parlementaires n’est plus que l’ombre de lui-même.

Après de vifs débats internes, les communistes ont donc décidé de soutenir une nouvelle fois Mélenchon. Le PCF ne l’a pas fait de gaieté de coeur mais tout simplement parce qu’il n’avait aucun candidat à présenter sans prendre le risque d’une sévère défaite politique et financière qui aurait signé son arrêt de mort.

Son ralliement n’est pourtant toujours pas accepté par une large minorité de la base militante qui considère certaines prises de position de Mélenchon incompatibles avec les combats démocratiques et sociaux. Il en notamment ainsi de ses positions jacobines et excluantes envers les minorités, ou de son soutien aux positions de la diplomatie russe sous-couvert d’anti-impérialisme.

Autoritaire et personnel, le mode de gouvernement du chef de file du Front de gauche (rebaptisé “La France insoumise” pour 2017) pose également de vifs problèmes à une partie de son électorat.

Plus à gauche, ce sont ses solutions à l’eau tiède qui sont jugées incompatibles avec l’impérieuse nécessité de bâtir une alternative claire à la sociale-démocratie. Même si une frange de ses militants a rejoint le Front de gauche, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a annoncé son intention de se présenter à la présidentielle et cherche des parrainnages d’élus pour Philippe Poutou. Idem pour Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière, parti d’inspiration trotkiste. Mais, s’ils rêvent d’incarner une autre option à Jean-Luc Mélenchon, l’influence de ces deux mouvements reste totalement confidentielle à l’échelle de la population française. Les dernières mobilisations sociales du quinquennat ont d’ailleurs montré que la contestation s’organise aujourd’hui en dehors des partis. Parce que l’extrême-gauche s’est endormie sur ses lauriers depuis des décennies, elle est aujourd’hui incapable de capitaliser sur la grogne qui monte.