Antton Rouget
Journaliste
ELECTION PRESIDENTIELLE

Macron consolide sa candidature avec le ralliement de Bayrou

C’est un des nouveaux tournants de l’élection présidentielle en France : ce mercredi, l’ancien ministre et figure du mouvement centriste François Bayrou a tourné le dos à la droite pour soutenir officiellement la candidature d’Emmanuel Macron. De quoi conforter sa dynamique tandis que la qualification de Marine Le Pen au second tour semble acquise.

Aquelques semaines de la fin de la période de dépôt des candidatures à la présidentielle, la campagne électorale a été rythmée cette semaine par les premiers ralliements significatifs.

A gauche, le candidat officiel du parti socialiste Benoît Hamon –vainqueur de la primaire face à l’ex Premier ministre Manuel Valls– a signé un premier accord avec le chef de file des écologistes, Yannick Jadot. Mais c’est surtout l’ancien ministre et conseiller de François Hollande, Emmanuel Macron qui a enregistré les soutiens politiques les plus importants.

Le candidat du néo-parti «En Marche !», dont l’audience ne cesse de grimper ces dernières semaines, a en effet bénéficié de deux ralliements supplémentaires mercredi. Si le premier –celui du député écologiste et ancien candidat à la primaire de la gauche François De Rugy– reste anecdotique, l’engagement de François Bayrou aux côtés d’Emmanuel Macron constitue une prise de choix pour le candidat. Il est vrai que cette figure du centrisme avait pris ses distances avec ses alliés de droite depuis la défaite de son ami Alain Juppé à la primaire, et que l’explosion de l’affaire Fillon n’a fait que crisper cet élu ayant fait de l’éthique en politique un de ses combats. Mais, peu de monde, même dans son propre entourage, imaginait jusqu’ici que François Bayrou puisse soutenir aussi nettement le jeune candidat Macron. Pour ce dernier, le ralliement de l’ancien ministre de l’Education est une aubaine. D’abord parce qu’il sécurise une candidature souvent critiquée pour son manque d’expérience ou son immaturité. Mais également parce que François Bayrou ouvre à Emmanuel Macron un électorat de centre-droit déboussolé par les orientations du programme de François Fillon et les affaires personnels du candidat.

Cette dynamique ne cesse d’installer l’idée qu’Emmanuel Macron est un candidat potentiel au second tour de l’élection présidentielle. La qualification de Marine Le Pen au premier tour est elle présentée comme une certitude, malgré l’avalanche de procédures judiciaires qui pèsent sur le Front national et sa présidente qui vient d’ailleurs de refuser de répondre aux questions des policiers jusqu’à l’élection.

Les pronostics vont par contre bon train en ce qui concerne le nom du second candidat qui défiera le Front national.

Tandis que l’affaire Fillon et ses conséquences politiques et judiciaires ne cessent d’empoisonner la campagne de la droite, toutes les cartes semblent en effet rebattues pour le premier tour.

Même la gauche, promise à la défaite après les ravages du quinquennat Hollande, se prend à rêver à des espoirs de qualification. Poussive depuis trois semaines, la campagne de Benoît Hamon a ainsi connu un rebond ce vendredi après l’annonce d’un accord officiel avec le chef de file des écologistes Yannick Jadot.

Le député et ancien ministre socialiste a également engagé des discussions avec le candidat Jean-Luc Mélenchon pour parvenir à un accord large que souhaite notamment les communistes. Ces derniers s’appliquent en effet à prendre exemple sur le programme commun socialistes-communistes ayant permis, en 1981, avec l’élection de François Mitterrand, la première victoire d’un candidat de gauche sous la Ve République. Les supporters de cette candidature commune – relativement nombreux dans l’entourage des candidats et même à la gauche de la gauche – rappellent que les programmes de Hamon et Mélenchon sont assez semblables et que l’union de la gauche est une urgence pour empêcher à Marine Le Pen d’accéder au pouvoir.

Il n’en reste pas moins que les nombreux points de blocage risquent de condamner ce projet d’alliance. Le camp Mélenchon, notamment, ne manque pas de rappeler que Benoît Hamon est un des artisans de ce quinquennat et du climat politique apocalyptique qui en découle.